Monsieur Dubé, Monsieur Charette,
Au Québec, plus de 100,000 sites de camping par jour seront bientôt occupés par des jeunes et moins jeunes, par des personnes atteintes d'une maladie respiratoire ou cardiovasculaire et par des femmes enceintes. Des niveaux dangereux de concentration de particules fines causés par les multiples feux de camps en activité peuvent survenir en fonction des conditions météorologiques et affecter sérieusement la santé de ces personnes ainsi que des travailleurs saisonniers.
Les parcs de la Sépaq recevront une dizaine de millions de visiteurs cet été qui viendront pratiquer leur activité physique préférée. L'ozone troposphérique, un polluant secondaire aux feux de camp, affectera également la qualité de l'air durant la journée. Nous ne buvons que 2 litres d'eau par jour mais nous respirons de 10,000 à 20,000 litres d'air selon notre âge ou l'intensité de l'activité physique. Collectivement, il est temps de réfléchir à la qualité de l'air que nous voulons.
L'inaction du ministère de la Santé et du ministère de l'Environnement dans ce dossier est inexcusable. Tous les québécois et québécoises sont en droit de connaître les effets à la santé liés à la pollution atmosphérique dans nos parcs nationaux. Il n'est pas de la responsabilité des directions de santé régionales de se prononcer sur cette question. Il s'agit d'un enjeu national.
La taille importante de la population touchée et les pics de concentration inquiétants de polluants auxquels les personnes peuvent être exposés durant plusieurs heures justifient une intervention immédiate du ministère de la santé.
Je demande au ministre d'effectuer une caractérisation préliminaire du risque à la santé et de modéliser l'exposition des usagers en fonction des données déjà disponibles. De plus, je demande au ministre de solliciter l'assistance de l'INSPQ afin que ses experts puissent immédiatement se pencher sur cet enjeu de santé publique et analyser toutes les options de gestion du risque. Le statu quo serait irresponsable.
Du côté américain, il est possible d'obtenir des données sur la qualité de l'air en temps réel dans la plupart des grands parcs. Je demande au ministère de l'Environnement de rapidement mettre sur pied un réseau de capteurs dans les parcs sous sa responsabilité, le tout dans un objectif de transparence.
Je pratique le plein air sous toutes ses formes depuis mon plus jeune âge et c'est justement l'accès aux parcs nationaux et la pratique du plein air qui ont fait de moi une personne sensibilisée aux enjeux environnementaux. Il faut préserver l'accès aux territoires protégés pour les jeunes générations.
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise fumée.
Les feux de forêt, les rejets industriels dans l'atmosphère, la fumée du tabac, les feux de camp, les combustibles fossiles, le chauffage au bois... Toutes ces sources de pollution ont des effets importants sur notre santé. Techniquement, les polluants ont certes des effets variés sur l'organisme mais nous devons cesser de différencier les sources de pollution en fonction de celles qui peuvent être un loisir pour nous comparativement à d'autres qui ont déjà mauvaise presse. La pollution atmosphérique est toujours la première cause de mortalité environnementale dans le monde.
En plus de constituer un risque à la santé, les feux de camp sont une source de gaz à effets de serre et leur mauvaise utilisation engendre chaque année des feux de forêts ayant des impacts significatifs sur les communautés.
Monsieur Dubé, Monsieur Charette, je vous demande d'agir. Maintenant.
Daniel Vézina
Fondateur de Familles pour l'air pur
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