BRÛLER DU BOIS
n'est pas un geste écologique
La combustion de bois et l'environnement
D'un point de vue environnemental, la combustion de bois est tout aussi toxique sur les animaux et les végétaux qu'elle ne l'est sur l'humain. De nombreuses espèces végétales sont intolérantes à la pollution et les impacts sur les animaux sont bien documentés.
Les feux de camp : un risque accru de feux de forêts.
Chaque année au Québec, la SOPFEU dénombre une soixantaine d'incendies de forêt dûs aux feux de camp. Ce sont des hectares de forêt qui partent en fumée chaque année et affectent sérieusement les communautés limitrophes. En raison des changements climatiques, les experts sur le climat s'attendent à ce que l'augmentation de la fréquence des conditions météorologiques extrêmes favorise la prolifération des feux de forêt partout au pays.
Impact environnemental de la combustion de bois résidentielle sur les gaz à effet de serre
D'après les dernières données de l'inventaire québécois des gaz à effet de serre, le chauffage au bois a contribué à hauteur de 0,83 Mt éq. CO2 (total 2020 : 74,02), soit environ 1,1 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre au Québec pour cette période. Dans le sous-secteur résidentiel, le chauffage au bois représente 27,4 % des émissions totales (MELCCCFP, 2022) alors que très peu de ménages ont comme source principale de chauffage le bois. Ce mode de chauffage émet davantage de méthane que le gaz naturel et les combustibles fossiles, un gaz dont le potentiel de réchauffement climatique est 27 fois plus élevé que celui du CO2. Par conséquent, le chauffage résidentiel au bois est le principal responsable des émissions de méthane, spécifiquement dans le secteur résidentiel.
Le bois comme énergie renouvelable ?
La demande croissante de bois pour la production d'énergie conduit à une exploitation excessive des forêts, entraînant la déforestation, la perte d'habitats naturels et la diminution de la biodiversité. Ce cercle vicieux ne peut être qualifié de "renouvelable" lorsque les ressources forestières sont exploitées de manière insoutenable. Il est impératif de reconsidérer notre dépendance au bois comme source d'énergie et de privilégier des alternatives véritablement renouvelables et respectueuses de l'environnement.
Il est essentiel de remettre en question le mythe selon lequel l'utilisation du bois comme énergie est carboneutre. Bien que certains soutiennent que le bois est une alternative écologique en raison de sa capacité à absorber le dioxyde de carbone pendant sa croissance, il est crucial d'examiner l'image dans son ensemble. La combustion du bois libère immédiatement le carbone stocké, contribuant ainsi aux émissions de gaz à effet de serre. Le CO2 émis par la combustion de biomasse augmente les niveaux de CO2 dans l'atmosphère à un moment où nous devons réduire les émissions.
Le bois de chauffage est rarement récolté dans sa propre cour. Une fois le bois récolté par l'industrie forestière, il subit un processus de séchage et de transport, nécessitant l'utilisation de combustibles fossiles, ce qui s'ajoute aux émissions de gaz à effet de serre.
Même si le bois est considéré comme une ressource renouvelable, il faut des décennies, voire des siècles, pour que les nouvelles plantations atteignent leur pleine maturité et puissent compenser les émissions générées par la combustion du bois. Dans le contexte de l'urgence climatique actuelle, cette lenteur dans le cycle de renouvellement ne permet pas une réduction rapide et efficace des émissions de carbone.
Il vaudrait mieux continuer d'utiliser le bois là où la matière peut réellement être valorisée : dans la construction et le bois d'oeuvre.
"Le coût de la protection du milieu naturel est beaucoup plus faible que le coût de sa reconstitution. La défense de la nature est rentable pour les nations."
- Philippe St Marc