Création d'un répertoire de campings sans fumée
- dvezina29
- 6 mai
- 3 min de lecture
Par Chantal Camden, Sherbrooke.

Je suis une adepte de plein air depuis de nombreuses années. Malgré un cancer du poumon qui m'a coûté un poumon, je continue d’être active. En août 2023, je suis partie de Sherbrooke en vélo-camping au Parc du Mont-Orford, où j'ai campé pendant deux jours. La première soirée, j'ai dû déplacer ma tente sur mon site pour éviter d’être dans la trajectoire de la fumée de mon voisin, qui peinait à allumer son feu avec du bois mouillé. Le lendemain après-midi, un nuage de fumée commençait déjà à s’installer au-dessus du camping. Je me suis présentée au comptoir de services où une employée m'a informée qu’effectivement, ils avaient entendu parler de la problématique, et qu’il y avait un certain malaise parmi les employés parce qu’il arrivait même que du bois mouillé soit vendu. L’employée s'est montrée compréhensive et m'a proposé de me relocaliser dans les sites de vélo-camping, au lieu des sites réguliers. Comme il n’y avait personne, et que ces sites étaient en retrait, je ne devrais pas être incommodée par la fumée. Une fois ma tente installée, en début de soirée, un autre groupe de cyclistes est arrivé – et pas question pour eux de ne pas faire de feu. L’employée du comptoir de service avait eu la gentillesse de prévoir le coup et a envoyé quelqu’un me proposer d’être déplacée de nouveau. Cette fois-ci, dans un espace « overflow », à 10 km de là, où il n’y aurait littéralement personne. Après un deuxième déménagement de tente en soirée, je me suis questionnée : pourquoi est-ce si compliqué d’avoir accès à des espaces sans fumée en camping au Québec ?
Après différentes démarches, j'ai appris que la SÉPAQ est au courant de la problématique et que des réflexions sont en cours pour la suite. J'ai décidé d’être proactive : j'ai entrepris de créer un répertoire des campings sans fumée au Québec. Consciente que des campings 100 % sans fumée sont rares, j'ai essayé plutôt de trouver des campings ayant minimalement un espace, une boucle, où les feux individuels sont interdits. J'en ai parlé autour de moi – plusieurs personnes avaient l’impression d’avoir déjà vu de tels campings, mais personne n'arrivait à identifier ces endroits. J'ai entrepris de contacter Camping Québec. On m'a répondu gentiment, on a écouté mon projet, on semblait comprendre l’importance tout en mettant des bémols puisque c’est complexe, on m'a transférée à une autre personne… et pas de suivi. J'ai décidé d’éplucher le guide du Camping au Québec, de vérifier les sites web et de contacter tous les campings qui ne vendent pas de bois de camping. Résultat de mes démarches : deux campings identifiés seulement, les deux en milieu urbain.
J'ai appris que Parcs Canada a un filtre, dans ses outils de recherche pour réserver un camping, qui permet de sélectionner « sans foyer ». J'ai essayé de réserver dans les trois Parcs Canada au Québec – l’option « sans foyer » n’existe pas. Après différentes démarches, j'ai appris que seuls les parcs du Québec n’ont aucune boucle de camping sans fumée. Pourquoi? Après diverses communications avec Parcs Canada et les parcs directement, je n'ai reçu que des réponses floues, mentionnant que c’est un suivi d’intérêt, que Parcs Canada travaille en collaboration avec ses partenaires, etc. Mais pas de projets concrets à court terme pour avoir des espaces sans fumée. Pourquoi est-ce que camper sans fumée au Québec est plus difficile qu’ailleurs ? Il y a tout autant de gens ici que dans le reste du Canada qui sont particulièrement sensibles à la fumée de bois. Et il ne faut pas oublier que la fumée affecte 100 % des utilisateurs de camping ; simplement, certaines personnes ressentent plus immédiatement que d’autres les effets.
Familles pour l’air pur continue à sensibiliser la population à l’effet des feux en camping. En collaboration avec moi, l'organisme souhaite mettre sur pied un répertoire des campings ayant des espaces sans feux individuels. Vous connaissez un tel endroit ? Écrivez-nous à info@famillesairpur.org.